Les épreuves du bac se déroulent dans les caves du château de Laval, car les bombes tombent sur la ville. Marie-Joe est contente de son devoir de français. Elle a longuement parlé de Berthe Bernage, l'auteur de la série "Brigitte".
Des années plus tard, en retrouvant des Brigitte, en les relisant avec un regard différent, elle cherchera à comprendre pourquoi elle a tant aimé cette écrivaine...

mercredi 5 décembre 2007

Vacances d'automne et d'hiver...

Pardon de vous abandonner un temps...merci de vos messages...ce blog mérite plus de travail et d'attention que je ne puis lui en accorder pour le moment...Il m'est très difficile de comprendre certaines opinions de Berthe Bernage...
Merci Pivoine pour tous les conseils...Merci à une jeune lectrice de m'avoir contactée pour proposer son aide...mais par suite d'un problème de courrier j'ai perdu son adresse...Où êtes-vous gentille demoiselle de 24 ans qui avez lu Brigitte dès 12 ans ?

Avec ce travail j'aurai vraiment compris que chacun ne voit dans certains
livres que ce qu'il veut bien voir, et qu'on ne doit pas forcément prêter aux lectrices les opinions politiques d'un de leur auteur favori...Les évènements de 68 auront apportés dans beaucoup de familles le dialogue...
Beaucoup d'adolescentes voulaient simplement rêver et entendre d'autres voix que celles de leur entourage...C'était le cas de Marie-Joe et de ses amies...

lundi 24 septembre 2007

Jacques Rémillot...suite...

Brigitte cherche de nombreuses fois à marier Jacques . Mais celui-ci n'aime qu'une seule femme et résiste à toutes les propositions.
Et survient l'accident de voiture d'Olivier, et cette déclaration "étrange" faite à Brigitte :
"-Laisse-moi donc achever; je n'ai pas peur de la vérité, Jacques Rémillot serait un compagnon si fort, si sûr ! Il...t'admire, ne le sais-tu pas ? Il aime nos enfants. Parfois, je l'avoue, j'ai été sottement jaloux de lui. A présent, non ; je t'aime plus que moi-même; comprenant que Rémillot a une âme qui ressemble à la mienne, je voudrais, si je meurs..."
Curieux Olivier, je le croyais naïf et de simples points de suspension montre qu'il ne l'est pas:
"Il...t'admire"
Conception du couple d'un autre temps où il était difficile pour une femme de rester seule ? Mais étrange sentiment: Olivier ne cherche pas à savoir ce qu'en pense sa femme...Celle-ci se révolte d'ailleurs et proteste:
-"Tes paroles me désespèrent et m'offensent. Je suis à toi pour toujours. Je ne me remarierais pas."
(in Brigitte maman)
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Nous retrouvons Jacques des mois plus tard. Petite Marie est ammenée à Lourdes par ses parents, elle en reviendra guérie. (in Brigitte et le bonheur des autres)
La petite fille doit aller à la source et sa mère s'apprête à saisir la poignée de la voiture.
"mais une main de brancardier l'a déjà saisie et attend. Je regarde; oh! Jacques, Jacques Rémillot !
Aux épaules, il a les courroies, ce harnais des grands dévoués. Il est pâle, mais une paix extraordinaire a détendu son visage. Olivier lui demande_paroles pauvres comme on dit lorsqu'on voudrait en trouver de profondes_ s'il est en vacances.
Et il répond simplement:
-J'ai donné ma démission. Et j'ai voulu servir à Lourdes avant de changer de vie. Je vous raconterai ça, Hauteville.
J'ai déjà compris. Deux mots s'échangent:
-Prêtre ?
-Oui."
......................................
La "vocation" de Jacques est donc révélée...Lui aussi choisit Dieu à la suite d'un chagrin d'amour...Finalement seule Chantal la soeur d'Olivier ne fait pas un choix , disons, en partie négatif...Mais c'est un autre sujet...Pour le moment ce qui me frappe ce sont les dégats causés, bien involontairement, par Jacques dans le coeur d'Aliette la petite Fabrice, la soeur de Dany...J'avoue que je n'ai pas réussi à comprendre ce drame , son utilité dans l'histoire, de la même façon que le récit de la guérison de Marie me laisse perplexe, mais je ne suis pas croyante, et nous sommes en 2007, à des "années lumière " de B.Bernage. Cet ouvrage, "Brigitte et le bonheur des autres" est un de ceux qui ont le plus vieilli aujourd'hui. Mais, je le répète ce n'est pas cela qui m'intéresse...Vous remarquerez mon souci d'objectivité ! J'en suis moi-même surprise !
...J'entends Pivoine protester !!! Amies lectrices, n'oubliez jamais de lire ses messages !

vendredi 14 septembre 2007

les hommes...suite...Jacques Rémillot...

"Brigitte maman" page 68...
"Jacques Rémillot _ l'ami d'Olivier, qui gâte follement notre fille_ lui fit hommage d'une ravissante "pimbêche en chiffons"."
Il y a quelque temps Sarn, une de nos correspondantes évoquait ce prêtre qui aima Brigitte.
Ce personnage est très "curieux" et l'attitude d'Olivier ne l'est pas moins...
Les deux hommes sont très amis et on commence à "jaser"...même Huguette le remarque et évoque "certain Jacques Rémillot qui te regarde avec des yeux de chien fidèle. Il t'adore ce garçon là".
Brigitte proteste: "Olivier l'aime beaucoup et nous le recevons souvent. je flirte si peu avec lui que je cherche à le marier."
Même la douce maman s'en mêle:
-" Les amis de Jacques Rémillot...As-tu réussi à le marier, Brigitte ?
Je réponds, rougissant un peu:
-Mais non. Il est difficile.!...Mais revenons aux Jonquières"
Brigitte lutte...
"...je tiens le pauvre Jacques Rémillot à distance. Ce Jacques, dire que je ne puis l'éloigner tout à fait ! Olivier éprouve tant de plaisir à le voir que j'hésite à priver mon austère mari de cette amitié charmante. Mais quand l'amitié s'établit entre homme et femme, que l'équilibre est donc difficile, pauvre petite Brigitte ! "
..............................
Olivier se montre souvent d'une naïveté désarmante...Tout le paradoxe est là...
Dans ce monde des Brigitte ,les hommes sont les plus forts , les plus puissants, bref les esprits supérieurs,
et pourtant Berthe nous les dépeint souvent comme de grands enfants,
inconscients de la réalité...
Alors, où se situe l'auteur par rapport aux féministes ?
Colette Cosnier et bien d'autres ont violemment attaqué Berthe et ses Brigitte ...
"Durant la période de Vichy, des antiféministes s'affirment féministes : dans la très populaire série des Brigitte de Berthe Bernage, l'héroïne proclame qu'« être féministe, c'est accomplir le beau métier de femme et de maman » ( Colette Cosnier, "le silence des filles"p. 246).
Les femmes de Berthe Bernage sont soumises et plutôt sages, mais Berthe est une intellectuelle
et je pense qu'elle ne peut admettre que les hommes aient le monopole de la pensée...
Ils sont les maîtres du foyer, apportent l'argent (mais ne gèrent pas grand chose),
commandent souvent,
mais au fond ne comprennent pas grand chose à l'âme féminine...
Berthe n'éprouve -t-elle pas un certain plaisir à évoquer la naïveté d'Olivier ?
A moins que...à moins qu'en femme intelligente,
elle ne rêve d'amitié masculine...

les hommes...suite...Alain, le retour...

A quoi rêve Berthe, la célibataire en nous racontant ces flirts innocents ? Elle est fine psychologue et sait que les hommes ont de l'importance dans la vie des femmes. Il est inutile de présenter un modèle d'épouse extrèmement rigide et fidèle. Il est important de montrer que le doute , la fatigue, la tristesse existe. La femme qui résiste sera d'autant plus méritante...
C'est le cas de Brigitte dans "Brigitte maman":
Olivier est parti en Palestine. Roseline étant malade, Brigitte a renoncé au voyage...Son cafard est grand. Heureusement Yves et Arlette l'invitent à une soirée...Et bien sûr Alain Doret est présent:
"Nous avons causé, nous avons dansé. Il fut correct, respectueux; mais comme autrefois, un petit vent de septicisme passait sur mon beau jardin d'âme. Il ne railla, ne blâma rien ouvertement. Alors pourquoi trouvai-je ma vie étroite, mon mari austère, mes devoirs maternels pesants ? Et comment arrivai-je à flirter, moi, la femme d'un Olivier ?"
et une lettre d'Olivier arrive, il est très gai, peint beaucoup et surtout il a rencontré Françoise Martin "cette belle artiste qui me rendit jalouse autrefois"...le lendemain donc...
"Roseline fut bousculée par sa maman qui tira des cheveux en la coiffant, mit du savon dans ses yeux, envoya quatre ou cinq petites tapes, refusa un bonbon...et je décidais de me distraire...Je retrouvai Alain-le-mauvais-génie, je le retrouvai partout, au concours hippique, au tennis, au Salon. Quel brio ! Et que cela m'amusait de l'entendre jongler avec les idées ! J'avais l'impression étrange qu'il m'entraînait dans un monde nouveau, monde féerique et défendu où les choses avaient une autre âme. Etait-ce un flirt ? ou un renoncement de mon idéal ?"
Bien sûr la tentation n'est que passagère et bientôt Brigitte se remet à attendre son "croisé"...
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Tout au long des Brigitte, le mot beauté revient...beauté des visages, des paroles, des gestes...le goût des jolies choses, robes, musique, danse ...
La mère de Berthe était une femme douce, vivante, gaie, créative...Geneviève et sa soeur passe du temps à visiter les expositions, rencontrer des artistes, lire de beaux livres, décorer l'appartement...Le mot laideur revient aussi souvent, la laideur de la petite Marie (et j'avoue qu cette expression m'a choquée profondément) Zélie la laide, Jacquotte...bien sûr cette laideur n'est que physique, elle est "transfigurée par l'âme" mais elle est présente...
et le bal, la musique, les jolies robes et à la rigueur un flirt innocent sont de "jolies" choses, donc des choses qui tentent...la chair est absente, même pas un baiser, mais l'esprit est troublé, les têtes tournent délicieusement...
C'est difficile, lorsqu'on est femme, intelligente, parisienne, cultivée de passer à côté des libraires qui vendent "La garçonne", des affiches de music-hall...et ce n'est qu'un petit péché...puisque le remords n'apparaît point, même pas entre les lignes...Tout ceci est très mondain et fait d'autant plus rêver les femmes de la campagne, les ouvrières, celles qui ne connaîtront jamais tout celà...

lundi 3 septembre 2007

Brigitte et...j'ose ? Brigitte et les hommes...

Le premier garçon qui apparaît, le soir du fameux grand bal s'appelle Alain Doret, et il semble fort séduisant...

Mais " l'amour...non, ce n'était pas du tout lui...Tandis que je dansais avec d'autres amis de mon frère, j'entendis Alain qui parlait de la même voix nuancée à mon amie Chantal...Alors je sentis une grande détresse qui s'abattait sur moi. Pauvre sotte de Brigitte ! Suffit-il qu'un danseur te dise de jolies choses pour que tu voies en lui un Roméo ?"...

Pauvre pitchounette ai-je envie de dire...mais heureusement il y a Olivier...quelques pages plus loin...

Brigitte , bon gré, mal gré accompagne tante Marthe au vernissage d'une exposition d'art moderne...et soudain...

"Mais voilà qu'au milieu de la foule j'aperçois une fine silhouette vert pâle. C'est Chantal....Elle est accompagnée de son frère Olivier, un jeune artiste que je connaissais à peine, car il n'aime pas le monde et voyage beaucoup. Il a les mêmes yeux immenses, lumineux, que Chantal. Blessé de guerre, il boîte assez bas, et un ruban rouge fleurit sa boutonnière. Nous avons lu son nom dans le catalogue et tante demande à voir ses oeuvres..."
..."Nous voici devant les petites scènes que dore un soleil d'Orient. Oh! le peintre qui a compris et exprimé de la sorte la douleur divine et humaine est un grand artiste, un grand chrétien. Il a une sensibilité, une intelligence vraiment merveilleuses. Et je sens des larmes venir à mes yeux quand je contemple de telles images. C'est une révélation de beauté unique, mais c'est aussi une révélation de vie intérieure. Je ne sais comment rendre l'émotion étrange qui s'empare de moi..."
..."Alors , je me retourne vers le jeune artiste, je le regarde bien en face_ tant pis s'il voit les larmes dans mes yeux_ et spontanément je lui tends les eux mains: _Merci, oh ! merci d'avoir fait celà..."

et plus tard à la maison...
..."j'annonce à maman, un peu inquiète de la promenade, que j'ai vu des choses ravissantes, que j'ai mangé trop de gâteaux, que Chantal a un as comme frère et que je suis une bonne fille..."


C'est amusant en fait...Cette Berthe Bernage peut écrire d'une façon très littéraire mais aussi d'une naturelle...ou plutôt selon le style d'une jeune fille de l'époque...On reverra Alain de temps en temps, mais Olivier aura la première place...Quand même, les filles verront que Brigitte a connu aussi quelques émois ...Cela rassure...
Mademoiselle Bernage est très habile...


Brigitte et ses lectrices...


Les Veillées des chaumières se portent bien et Berthe Bernage a toujours des lectrices...Le livre est bien arrivé et j'ai reçu une charmante carte...et...et je trouve tout cela touchant...En ouvrant ce numéro 2760 du Journal j'ai revu ma grand-mère et ses piles bien rangées dans la petite cuisine...il n'y avait pas de salon, de salle de séjour , de canapé ni bien sûr de télévision, mais il y avait l'électricité et c'était une chance...plus facile pour lire le soir à la veillée, près de la cuisinière à bois et charbon...